Gravés dans la pierre

Premier jet

En toute chose, le principal, c’est de se lancer… et c’est désormais chose faite avec ce tout premier billet ! Commençons par le commencemen...

mercredi 24 septembre 2025

Procrastiner jusqu’à la dernière minute (et comment j’essaie de me soigner)

Je vais être honnête : si la procrastination était une discipline olympique, je serais déjà multi-médaillée d’or. Je suis de celles qui repoussent, encore et encore, jusqu’à ce que la deadline se transforme en monstre menaçant qui me fonce dessus à pleine vitesse. Et c’est à ce moment-là, et à ce moment là seulement, l’adrénaline en guise de carburant, que je me mets à écrire.

Sauf que vivre dans l’urgence permanente, c’est un peu comme jouer à cache-cache avec son propre stress. Et franchement, ça fatigue. J’ai longtemps pensé que c’était incurable, une sorte de défaut inscrit dans mon mode d’emploi. Puis mon épousé nous a parlé d'une vidéo de Fabien Olicard (mentaliste de son état) qu'il voulais nous faire voir, à moi et à notre rejeton, parce que, je cite :"ce sont des astuces qui pourraient vous aider à vous organiser !". Nous l'avons donc visionné, et là, révélation : il existe des astuces pour hacker mon cerveau et l’empêcher de me visser à ma méridienne plutôt que de jouer du clavier.

J’en ai testé quatre et si elles ne m’ont pas transformée en machine de productivité, elles m’ont tout de même donné des petites armes pour amadouer mon chaos intérieur.


1. La phrase moche

C’est tout simple : notre cerveau est un perfectionniste et quand on doute de pouvoir écrire parfaitement du premier coup, on a un mal fou à se lancer. Pour contrer cela, rien de tel que d'écrire une phrase, même si elle est moche ou ne veut pas dire grand chose, juste pour lancer l'action. L'autre jour j'ai commencé un de mes articles par :" Je ne sais pas du tout comment commencer cet article ni ce que je vais bien pouvoir y raconter, mais bon il faut bien commencer quelque part alors… Voilà quoi…" et, sans que je comprenne, une phrase en entraînant une autre… j'étais enfin lancée.


2. La technique de l'ancrage neuronal

On a tous des rituels qui conditionnent notre cerveau et Fabien conseille d’en fabriquer volontairement : par exemple, associer l’écriture à une musique précise, une bougie, ou même un geste.  Moi, j’ai choisi une playlist de trois musiques que j'écoute religieusement avant chaque session d'écriture. Et vous savez le meilleur ? C'est qu'avec un ancrage facile à répéter n'importe où, il ne me faudra normalement que 66 jours pour que, quand ces éléments apparaissent, mon cerveau comprenne qu'il est temps de travailler. Comme un chien de Pavlov, mais version écrivaine procrastinatrice.


3. Amorçage en 2 minutes

Pour bien commencer il faut commencer petit ! C'est sûr que si je me lance en pensant : "Allez aujourd'hui je vais écrire deux articles ou 20 pages", au pied du mur devant la montagne de travail à abattre, je ne vais avoir qu'une envie, retourner me pelotonner sous mon plaid et binger Netflix. L'important c'est d'amorcer le travail en choisissant la plus petite tâche à faire sur ce que l'on veut initier, régler un minuteur sur 120 sec et se dire qu'au bout de se laps de temps, si on en a vraiment envie on peut s'arrêter. Je vous rassure, je ne me suis encore jamais arrêtée une fois les deux minutes écoulées.


4. Ne faire qu'une seule famille de tâche à la fois

Au lieu de me flageller avec une liste interminable de tâches à faire et m'épuiser à switcher de l'une à l'autre, je classe toutes mes tâches par catégories (écrire, répondre à des mails, faire les tâches ménagères). Ainsi, quand vient le moment de passer à l'action je n'exécute les tâches que catégorie par catégorie, évitant ainsi l'épuisement mental. 


Évidemment, je reste une procrastinatrice patentée. Mais grâce à ces astuces, j’ai commencé à trouver un équilibre : je continue à danser avec mes deadlines, mais avec un peu moins de sueurs froides et un peu plus de légèreté.

Alors, si toi aussi tu as l’impression d’avoir fait de la procrastination un art de vivre… sache que ton cerveau peut être ton allié, pas ton bourreau. Et comme c'est encore Fabien Olicard qui en parle le mieux, je te mets le lien de sa vidéo que je ne saurais trop te conseiller de regarder !



mercredi 17 septembre 2025

Comment mes annonces de métro m’entraînent à raconter des histoires

Prochain arrêt : l’imaginaire.

C’est une formule que je n’ai jamais vraiment prononcée dans le métro… et pourtant, elle résume assez bien mon quotidien. Parce qu’au fond, c’est exactement ce qui se passe : j’annonce un trajet bien réel, et pourtant, derrière, mon esprit file sur des rails invisibles.



Le micro, mon premier terrain de jeu narratif

Faire une annonce dans le métro, ça paraît simple : dire où l’on va, donner une information, rassurer un peu les voyageurs. En vérité, c’est un exercice beaucoup plus subtil.

Quelques secondes, une foule distraite et un message qui doit être clair, efficace, compréhensible de tous. C’est un peu comme écrire une première phrase de roman : si je perds l’attention au bout de quelques secondes, plus personne ne suivra le reste du trajet.

Au fil du temps, j’ai appris que le micro est comme une plume : chaque mot compte, chaque intonation peut transformer une information banale en petit moment particulier.


Inventer des mondes en une phrase

Je l’avoue, je détourne systématiquement mes annonces. Ce n’est pas la ligne qui part vers Villejuif Louis Aragon ou Mairie d'Ivry, mais vers Poudlard, Hyrule, Isla Sorna, le Mordor, Namek ou le Royaume Champignon.

Ce n’est pas grand-chose, quelques mots lancés en l’air, un message joué (malgré mon piètre talent d'actrice)… mais dans ces références, il y a des univers entiers qui s’invitent dans le quotidien des voyageurs.

C’est exactement ce que j’essaie de faire quand j’écris : condenser un monde, une atmosphère, une promesse en une phrase. Comme un pitch miniature. Et voir, parfois, un sourire apparaître au milieu des visages fatigués, c’est comme sentir un lecteur tourner la page avec envie et ça, je le reconnais, c'est ma meilleure récompense.


Capter l’attention, coûte que coûte

On ne va pas se mentir : dans le métro, personne n’attend mon annonce. La majorité a les écouteurs vissés aux oreilles, le regard perdu dans un écran ou dans le vide. Pour me faire entendre et écouter, il faut donc surprendre.

Un mot inattendu, une tonalité qui interpelle, un clin d’œil à la pop culture… Et hop, une tête se relève, une oreille s’attarde.

C’est le même défi en écriture. Dans un monde saturé de récits, de notifications et de distractions, comment retenir un lecteur ? En osant une ouverture surprenante, une image singulière, un détail qui accroche. Mes passagers deviennent, sans le savoir, les cobayes de mon laboratoire d'expérience en narration.


Transformer l’ordinaire en extraordinaire

Le métro est le lieu du quotidien par excellence : bruyant, gris, répétitif. Mais justement, c’est ce cadre neutre qui rend magique le moindre écart. Quand une annonce joue avec les codes, le banal se fissure et laisse passer un peu de lumière.

Écrire, c’est ça aussi. Partir du réel le plus terre-à-terre et y insuffler une nouvelle étincelle. Faire d’un café tiède une potion magique. D’un quai bondé un quai de gare vers un autre monde. Chaque annonce est pour moi une micro-histoire, un rappel que l’imagination peut transformer n’importe quel décor.


"Mesdames et Messieurs, votre attention s'il vous plaît..."

Chaque trajet que je commente devient un petit entraînement de conteuse. Les rails me rappellent que les histoires suivent toujours une ligne, mais que ce qui compte, ce sont les haltes, les surprises et les détours qui jalonnent le voyage.

Alors, la prochaine fois que vous entendez une voix dans le métro, peut-être qu’elle n’annonce pas seulement une station, mais peut-être qu’elle vous invite déjà à plonger dans une histoire et à mettre un peu de magie dans votre quotidien…

mercredi 10 septembre 2025

Trois incantations secrètes pour apprivoiser la page blanche

Il y a des phrases qui m’accompagnent et me guident comme des lanternes dans la nuit. Elles reviennent sans prévenir : quand je doute, quand je me bloque, ou quand j’ai l’impression d’avoir choisi la pire idée possible. Ce ne sont pas des slogans à afficher sur un mur, mais des compagnons de route qui se sont incrustés dans mon quotidien d’écriture.

Aujourd’hui, je voulais vous confier mes trois citations phares, celles qui comptent le plus pour moi.


1. « Un écrivain professionnel est un amateur qui n'a pas abandonné. » — Richard Bach

Celle-là, je la vois débarquer dans mon cerveau à longueur de journée. Je l’ai découverte au moment où je pensais sérieusement arrêter d’écrire, persuadée de ne pas avoir les qualités requises pour faire un bon auteur. J’avais l’impression que « les vrais écrivains », ceux qui publient, appartenaient à une caste inaccessible dans laquelle je n’avais, bien entendu, pas le droit d’entrer. Puis j’ai lu cette phrase, et soudain tout a changé : on ne naît pas auteur, on le devient à force d’entêtement et de travail.

C’est la persistance qui fait la différence, pas un talent tombé du ciel. Il y aura toujours des pages ratées, des manuscrits bancals, des refus, des doutes. Mais si on tient bon malgré tout, on se rapproche un peu plus de ce statut de « professionnel » qui n’est, en réalité, qu’un autre mot pour décrire quelqu’un qui n’a pas lâché.

Quand je bute contre un paragraphe récalcitrant ou que je regarde mon manuscrit en me demandant « à quoi bon », je repense à cette citation. Elle me remet en mouvement.


2. « Le pire, c'était choisir, et passer le restant de sa vie à se demander si l'on a fait le bon choix. Personne n'était capable de choisir sans avoir peur. » — Paulo Coelho, Brida (2010)

Le vertige du choix, c’est ma grande spécialité. Écrire, c’est toujours choisir : choisir une histoire plutôt qu’une autre, un point de vue, une fin possible. Chaque décision ferme des portes, et cette irréversibilité a quelque chose de terrifiant (surtout pour une indécise telle que moi).

La première fois que j’ai lu cette phrase, je me suis reconnue immédiatement. J’ai compris que la peur n’était pas un signe d’erreur, mais la preuve que j’étais en train de prendre une décision qui comptait, et qu’il fallait apprendre à vivre avec.

Devant mon ordinateur, elle résonne comme un rappel : il est impossible de créer sans risquer. Alors j’accepte de choisir, même avec la boule au ventre. Parce que l’immobilité par peur du faux pas est bien pire que l’erreur. Même si elle est plus rassurante (je l’avoue volontiers), elle n’avance à rien.



3. « Occupez-vous du sens et les mots s'occuperont d'eux-mêmes. » — Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles (1865)

Ah, Lewis Carroll… qui aurait cru que derrière ses jeux de langage loufoques se cachait ce conseil si juste ? Il est devenu une véritable boussole pour moi.

Quand j’écris, j’ai souvent le réflexe de courir après « le beau style ». Trouver le mot rare, la métaphore brillante, la phrase qui claque. Mais à force de trop chercher, je m’éloigne de l’essentiel : ce que je veux vraiment dire. Et c’est là que ce bon vieux Carroll intervient.

Parce que quand le sens est clair, les mots suivent. Et, généralement, ce sont les plus simples qui frappent le plus fort. Relire cette citation, c’est comme respirer profondément : elle m’aide à lâcher la pression du style parfait pour revenir à une plus grande sincérité.



Voilà pourquoi ces trois phrases me hantent. Ce ne sont pas que des mots : elles sont des panneaux indicateurs qui jalonnent mon chemin. Elles m’aident à persévérer quand j’ai envie de renoncer, à assumer mes choix même tremblante, et à me souvenir que le sens vient toujours avant les fioritures.

Et vous, quelles sont les phrases qui vous accompagnent au quotidien, celles qui refusent de vous lâcher ?

mercredi 3 septembre 2025

5 choses que j’aurais aimé savoir avant d’écrire (et publier) un livre

Quand j’ai commencé à écrire mon premier manuscrit, je pensais naïvement que le plus compliqué serait de trouver le mot juste, la formulation qui fait mouche, bref : de remplir des pages. En réalité, "écrire" un livre, ce n’est que la partie visible de l’iceberg et tout ce qui vient après m’a appris bien plus que je ne l’imaginais.

Alors aujourd’hui, je partage avec vous les 5 choses que j’aurais aimé savoir avant de me lancer dans cette épopée qu’est l’écriture et la publication d’un livre (et ce, même si on a trouvé un éditeur).


1. La patience devient ta meilleure alliée (et ton pire cauchemar)

On dit que l’écriture est un marathon… on ne m’avait pas prévenue que la promotion était une course d’endurance à rallonge. Envoyer des mails à une liste de contacts longue comme le bras, attendre (longtemps), relancer (encore plus longtemps)… et au final, ne recevoir une poignée de réponses... dans le meilleur des cas. En tant qu'auteur.e, ton ouvrage est la chose la plus importante au monde à cet instant de ta vie et c'est tout à fait normal. cependant, l'absence de réaction des autres te fait vite comprendre que c'est loin d'être le cas pour tout le monde, ce qui est également normal et le silence est bien plus blessant qu'un refus poli. Autant dire qu’il faut apprendre à apprivoiser l’attente, et ne pas se décourager face au silence.


2. Rien ne se passe jamais comme prévu

Si tu crois que tout roule une fois le manuscrit terminé, détrompe-toi. Entre les galères chez l’éditeur, les retards dû à l'imprimeur qui impactent la date de sortie de ton livre (pourtant savamment calculée), les coquilles qui réapparaissent comme par magie après dix relectures, et les imprévus de dernière minute, mieux vaut garder une bonne dose de souplesse et de dérision face à la situation. Bref, la seule certitude quand on publie un livre, c’est que rien ne se passera comme prévu.


3. Savoir faire des concessions (même quand ça fait mal)

Ton livre, c'est ton bébé, mais sache qu'il ne sortira pas indemne de la phase d'accouchement entre son passage entre les mains du relecteur, du maquettiste ou de l’éditeur. Parfois il faudra couper une phrase que tu aimais, changer une mise en page que tu trouvais parfaite, accepter de modifier la structure même de ton ouvrage ou valider une couverture qui n’était pas ton premier choix. Ça pique un peu sur le coup, mais c’est souvent pour le mieux : ton livre en sort grandi, même si ton ego d’auteur.e grince des dents. Et surtout ça prévient une annulation pure et simple du projet, ce qui risque d'advenir en cas d'intransigeance trop marquée.


4. L’inspiration adore débarquer au mauvais moment

On croit toujours que les auteurs ont leurs éclairs de génie installés bien sagement à leur bureau, plume en main et tasse de café fumante à côté. Rien n'est moins vrai. L’inspiration, la vraie, a un sens de l’humour assez cruel. Elle débarque sous la douche (sans carnet étanche à portée de main), en pleine nuit (quand on a juré qu’on allait vraiment dormir tôt cette fois), ou encore au beau milieu d’une corvée de ménage. Résultat : soit tu tentes de mémoriser ton idée géniale (avec un succès plus qu'incertain surtout en ce qui me concerne), soit tu abandonnes ton balai/ton oreiller/ta casserole (quand c'est bien évidemment possible) pour courir noter cette révélation qui n’arrivera probablement plus jamais. 

Malheureusement pour moi, passant les trois quarts de ma journée devant un volant, c'est bien souvent à ce moment-là que les idées vont surgir dans mon cerveau et je ne peux, pour des raisons de sécurité évidentes, pas noter de suite ce qui me traverse l'esprit. En gros, comme dans le détail, l’inspiration a la fâcheuse tendance à surgir exactement quand tu ne peux pas l’attraper. C’est agaçant, mais c’est aussi ce qui rend l’écriture vivante. On apprend vite à vivre avec un carnet griffonné de phrases incomplètes, ou avec une application de notes pleine de messages qui ressemblent à du charabia. Mais au fond… c’est aussi là que naissent les meilleures histoires.


5. Les petites victoires font toute la différence

Dans ce parcours semé d’embûches, on survit grâce aux petites joies :

- La première fois qu’un lecteur te dit « ton livre m’a beaucoup plu parce que... »,

- la première fois que tu tombe sur ton ouvrage en librairie,

- ou simplement ce moment où tu tiens ton livre imprimé entre tes mains.

Ces petites victoires valent plus que toutes les galères, et te rappellent pourquoi tu as pris la plume à la base.


Écrire et publier un livre, c’est un mélange de passion, de patience et de persévérance. Rien ne se déroule comme prévu, mais chaque étape apporte son lot d’enseignements (et parfois de fous rires). Alors si tu rêves toi aussi de te lancer, retiens ceci : c'est un chemin parfois tortueux et parfois semé d'embûche (voire les deux en même temps !), mais il est incroyablement enrichissant. Et crois-moi, chaque galère vaut le coup d’être vécue, juste pour ces instants de magie où tes mots trouvent enfin leurs lecteurs.

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