Il y a des phrases qui m’accompagnent et me guident comme des lanternes dans la nuit. Elles reviennent sans prévenir : quand je doute, quand je me bloque, ou quand j’ai l’impression d’avoir choisi la pire idée possible. Ce ne sont pas des slogans à afficher sur un mur, mais des compagnons de route qui se sont incrustés dans mon quotidien d’écriture.
Aujourd’hui, je voulais vous confier mes trois citations phares, celles qui comptent le plus pour moi.
1. « Un écrivain professionnel est un amateur qui n'a pas abandonné. » — Richard Bach
Celle-là, je la vois débarquer dans mon cerveau à longueur de journée. Je l’ai découverte au moment où je pensais sérieusement arrêter d’écrire, persuadée de ne pas avoir les qualités requises pour faire un bon auteur. J’avais l’impression que « les vrais écrivains », ceux qui publient, appartenaient à une caste inaccessible dans laquelle je n’avais, bien entendu, pas le droit d’entrer. Puis j’ai lu cette phrase, et soudain tout a changé : on ne naît pas auteur, on le devient à force d’entêtement et de travail.
C’est la persistance qui fait la différence, pas un talent tombé du ciel. Il y aura toujours des pages ratées, des manuscrits bancals, des refus, des doutes. Mais si on tient bon malgré tout, on se rapproche un peu plus de ce statut de « professionnel » qui n’est, en réalité, qu’un autre mot pour décrire quelqu’un qui n’a pas lâché.
Quand je bute contre un paragraphe récalcitrant ou que je regarde mon manuscrit en me demandant « à quoi bon », je repense à cette citation. Elle me remet en mouvement.
2. « Le pire, c'était choisir, et passer le restant de sa vie à se demander si l'on a fait le bon choix. Personne n'était capable de choisir sans avoir peur. » — Paulo Coelho, Brida (2010)
Le vertige du choix, c’est ma grande spécialité. Écrire, c’est toujours choisir : choisir une histoire plutôt qu’une autre, un point de vue, une fin possible. Chaque décision ferme des portes, et cette irréversibilité a quelque chose de terrifiant (surtout pour une indécise telle que moi).La première fois que j’ai lu cette phrase, je me suis reconnue immédiatement. J’ai compris que la peur n’était pas un signe d’erreur, mais la preuve que j’étais en train de prendre une décision qui comptait, et qu’il fallait apprendre à vivre avec.
Devant mon ordinateur, elle résonne comme un rappel : il est impossible de créer sans risquer. Alors j’accepte de choisir, même avec la boule au ventre. Parce que l’immobilité par peur du faux pas est bien pire que l’erreur. Même si elle est plus rassurante (je l’avoue volontiers), elle n’avance à rien.
3. « Occupez-vous du sens et les mots s'occuperont d'eux-mêmes. » — Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles (1865)
Ah, Lewis Carroll… qui aurait cru que derrière ses jeux de langage loufoques se cachait ce conseil si juste ? Il est devenu une véritable boussole pour moi.
Quand j’écris, j’ai souvent le réflexe de courir après « le beau style ». Trouver le mot rare, la métaphore brillante, la phrase qui claque. Mais à force de trop chercher, je m’éloigne de l’essentiel : ce que je veux vraiment dire. Et c’est là que ce bon vieux Carroll intervient.
Parce que quand le sens est clair, les mots suivent. Et, généralement, ce sont les plus simples qui frappent le plus fort. Relire cette citation, c’est comme respirer profondément : elle m’aide à lâcher la pression du style parfait pour revenir à une plus grande sincérité.
Voilà pourquoi ces trois phrases me hantent. Ce ne sont pas que des mots : elles sont des panneaux indicateurs qui jalonnent mon chemin. Elles m’aident à persévérer quand j’ai envie de renoncer, à assumer mes choix même tremblante, et à me souvenir que le sens vient toujours avant les fioritures.
Et vous, quelles sont les phrases qui vous accompagnent au quotidien, celles qui refusent de vous lâcher ?
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