Gravés dans la pierre

Premier jet

En toute chose, le principal, c’est de se lancer… et c’est désormais chose faite avec ce tout premier billet ! Commençons par le commencemen...

mercredi 24 septembre 2025

Procrastiner jusqu’à la dernière minute (et comment j’essaie de me soigner)

Je vais être honnête : si la procrastination était une discipline olympique, je serais déjà multi-médaillée d’or. Je suis de celles qui repoussent, encore et encore, jusqu’à ce que la deadline se transforme en monstre menaçant qui me fonce dessus à pleine vitesse. Et c’est à ce moment-là, et à ce moment là seulement, l’adrénaline en guise de carburant, que je me mets à écrire.

Sauf que vivre dans l’urgence permanente, c’est un peu comme jouer à cache-cache avec son propre stress. Et franchement, ça fatigue. J’ai longtemps pensé que c’était incurable, une sorte de défaut inscrit dans mon mode d’emploi. Puis mon épousé nous a parlé d'une vidéo de Fabien Olicard (mentaliste de son état) qu'il voulais nous faire voir, à moi et à notre rejeton, parce que, je cite :"ce sont des astuces qui pourraient vous aider à vous organiser !". Nous l'avons donc visionné, et là, révélation : il existe des astuces pour hacker mon cerveau et l’empêcher de me visser à ma méridienne plutôt que de jouer du clavier.

J’en ai testé quatre et si elles ne m’ont pas transformée en machine de productivité, elles m’ont tout de même donné des petites armes pour amadouer mon chaos intérieur.


1. La phrase moche

C’est tout simple : notre cerveau est un perfectionniste et quand on doute de pouvoir écrire parfaitement du premier coup, on a un mal fou à se lancer. Pour contrer cela, rien de tel que d'écrire une phrase, même si elle est moche ou ne veut pas dire grand chose, juste pour lancer l'action. L'autre jour j'ai commencé un de mes articles par :" Je ne sais pas du tout comment commencer cet article ni ce que je vais bien pouvoir y raconter, mais bon il faut bien commencer quelque part alors… Voilà quoi…" et, sans que je comprenne, une phrase en entraînant une autre… j'étais enfin lancée.


2. La technique de l'ancrage neuronal

On a tous des rituels qui conditionnent notre cerveau et Fabien conseille d’en fabriquer volontairement : par exemple, associer l’écriture à une musique précise, une bougie, ou même un geste.  Moi, j’ai choisi une playlist de trois musiques que j'écoute religieusement avant chaque session d'écriture. Et vous savez le meilleur ? C'est qu'avec un ancrage facile à répéter n'importe où, il ne me faudra normalement que 66 jours pour que, quand ces éléments apparaissent, mon cerveau comprenne qu'il est temps de travailler. Comme un chien de Pavlov, mais version écrivaine procrastinatrice.


3. Amorçage en 2 minutes

Pour bien commencer il faut commencer petit ! C'est sûr que si je me lance en pensant : "Allez aujourd'hui je vais écrire deux articles ou 20 pages", au pied du mur devant la montagne de travail à abattre, je ne vais avoir qu'une envie, retourner me pelotonner sous mon plaid et binger Netflix. L'important c'est d'amorcer le travail en choisissant la plus petite tâche à faire sur ce que l'on veut initier, régler un minuteur sur 120 sec et se dire qu'au bout de se laps de temps, si on en a vraiment envie on peut s'arrêter. Je vous rassure, je ne me suis encore jamais arrêtée une fois les deux minutes écoulées.


4. Ne faire qu'une seule famille de tâche à la fois

Au lieu de me flageller avec une liste interminable de tâches à faire et m'épuiser à switcher de l'une à l'autre, je classe toutes mes tâches par catégories (écrire, répondre à des mails, faire les tâches ménagères). Ainsi, quand vient le moment de passer à l'action je n'exécute les tâches que catégorie par catégorie, évitant ainsi l'épuisement mental. 


Évidemment, je reste une procrastinatrice patentée. Mais grâce à ces astuces, j’ai commencé à trouver un équilibre : je continue à danser avec mes deadlines, mais avec un peu moins de sueurs froides et un peu plus de légèreté.

Alors, si toi aussi tu as l’impression d’avoir fait de la procrastination un art de vivre… sache que ton cerveau peut être ton allié, pas ton bourreau. Et comme c'est encore Fabien Olicard qui en parle le mieux, je te mets le lien de sa vidéo que je ne saurais trop te conseiller de regarder !



mercredi 17 septembre 2025

Comment mes annonces de métro m’entraînent à raconter des histoires

Prochain arrêt : l’imaginaire.

C’est une formule que je n’ai jamais vraiment prononcée dans le métro… et pourtant, elle résume assez bien mon quotidien. Parce qu’au fond, c’est exactement ce qui se passe : j’annonce un trajet bien réel, et pourtant, derrière, mon esprit file sur des rails invisibles.



Le micro, mon premier terrain de jeu narratif

Faire une annonce dans le métro, ça paraît simple : dire où l’on va, donner une information, rassurer un peu les voyageurs. En vérité, c’est un exercice beaucoup plus subtil.

Quelques secondes, une foule distraite et un message qui doit être clair, efficace, compréhensible de tous. C’est un peu comme écrire une première phrase de roman : si je perds l’attention au bout de quelques secondes, plus personne ne suivra le reste du trajet.

Au fil du temps, j’ai appris que le micro est comme une plume : chaque mot compte, chaque intonation peut transformer une information banale en petit moment particulier.


Inventer des mondes en une phrase

Je l’avoue, je détourne systématiquement mes annonces. Ce n’est pas la ligne qui part vers Villejuif Louis Aragon ou Mairie d'Ivry, mais vers Poudlard, Hyrule, Isla Sorna, le Mordor, Namek ou le Royaume Champignon.

Ce n’est pas grand-chose, quelques mots lancés en l’air, un message joué (malgré mon piètre talent d'actrice)… mais dans ces références, il y a des univers entiers qui s’invitent dans le quotidien des voyageurs.

C’est exactement ce que j’essaie de faire quand j’écris : condenser un monde, une atmosphère, une promesse en une phrase. Comme un pitch miniature. Et voir, parfois, un sourire apparaître au milieu des visages fatigués, c’est comme sentir un lecteur tourner la page avec envie et ça, je le reconnais, c'est ma meilleure récompense.


Capter l’attention, coûte que coûte

On ne va pas se mentir : dans le métro, personne n’attend mon annonce. La majorité a les écouteurs vissés aux oreilles, le regard perdu dans un écran ou dans le vide. Pour me faire entendre et écouter, il faut donc surprendre.

Un mot inattendu, une tonalité qui interpelle, un clin d’œil à la pop culture… Et hop, une tête se relève, une oreille s’attarde.

C’est le même défi en écriture. Dans un monde saturé de récits, de notifications et de distractions, comment retenir un lecteur ? En osant une ouverture surprenante, une image singulière, un détail qui accroche. Mes passagers deviennent, sans le savoir, les cobayes de mon laboratoire d'expérience en narration.


Transformer l’ordinaire en extraordinaire

Le métro est le lieu du quotidien par excellence : bruyant, gris, répétitif. Mais justement, c’est ce cadre neutre qui rend magique le moindre écart. Quand une annonce joue avec les codes, le banal se fissure et laisse passer un peu de lumière.

Écrire, c’est ça aussi. Partir du réel le plus terre-à-terre et y insuffler une nouvelle étincelle. Faire d’un café tiède une potion magique. D’un quai bondé un quai de gare vers un autre monde. Chaque annonce est pour moi une micro-histoire, un rappel que l’imagination peut transformer n’importe quel décor.


"Mesdames et Messieurs, votre attention s'il vous plaît..."

Chaque trajet que je commente devient un petit entraînement de conteuse. Les rails me rappellent que les histoires suivent toujours une ligne, mais que ce qui compte, ce sont les haltes, les surprises et les détours qui jalonnent le voyage.

Alors, la prochaine fois que vous entendez une voix dans le métro, peut-être qu’elle n’annonce pas seulement une station, mais peut-être qu’elle vous invite déjà à plonger dans une histoire et à mettre un peu de magie dans votre quotidien…

mercredi 10 septembre 2025

Trois incantations secrètes pour apprivoiser la page blanche

Il y a des phrases qui m’accompagnent et me guident comme des lanternes dans la nuit. Elles reviennent sans prévenir : quand je doute, quand je me bloque, ou quand j’ai l’impression d’avoir choisi la pire idée possible. Ce ne sont pas des slogans à afficher sur un mur, mais des compagnons de route qui se sont incrustés dans mon quotidien d’écriture.

Aujourd’hui, je voulais vous confier mes trois citations phares, celles qui comptent le plus pour moi.


1. « Un écrivain professionnel est un amateur qui n'a pas abandonné. » — Richard Bach

Celle-là, je la vois débarquer dans mon cerveau à longueur de journée. Je l’ai découverte au moment où je pensais sérieusement arrêter d’écrire, persuadée de ne pas avoir les qualités requises pour faire un bon auteur. J’avais l’impression que « les vrais écrivains », ceux qui publient, appartenaient à une caste inaccessible dans laquelle je n’avais, bien entendu, pas le droit d’entrer. Puis j’ai lu cette phrase, et soudain tout a changé : on ne naît pas auteur, on le devient à force d’entêtement et de travail.

C’est la persistance qui fait la différence, pas un talent tombé du ciel. Il y aura toujours des pages ratées, des manuscrits bancals, des refus, des doutes. Mais si on tient bon malgré tout, on se rapproche un peu plus de ce statut de « professionnel » qui n’est, en réalité, qu’un autre mot pour décrire quelqu’un qui n’a pas lâché.

Quand je bute contre un paragraphe récalcitrant ou que je regarde mon manuscrit en me demandant « à quoi bon », je repense à cette citation. Elle me remet en mouvement.


2. « Le pire, c'était choisir, et passer le restant de sa vie à se demander si l'on a fait le bon choix. Personne n'était capable de choisir sans avoir peur. » — Paulo Coelho, Brida (2010)

Le vertige du choix, c’est ma grande spécialité. Écrire, c’est toujours choisir : choisir une histoire plutôt qu’une autre, un point de vue, une fin possible. Chaque décision ferme des portes, et cette irréversibilité a quelque chose de terrifiant (surtout pour une indécise telle que moi).

La première fois que j’ai lu cette phrase, je me suis reconnue immédiatement. J’ai compris que la peur n’était pas un signe d’erreur, mais la preuve que j’étais en train de prendre une décision qui comptait, et qu’il fallait apprendre à vivre avec.

Devant mon ordinateur, elle résonne comme un rappel : il est impossible de créer sans risquer. Alors j’accepte de choisir, même avec la boule au ventre. Parce que l’immobilité par peur du faux pas est bien pire que l’erreur. Même si elle est plus rassurante (je l’avoue volontiers), elle n’avance à rien.



3. « Occupez-vous du sens et les mots s'occuperont d'eux-mêmes. » — Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles (1865)

Ah, Lewis Carroll… qui aurait cru que derrière ses jeux de langage loufoques se cachait ce conseil si juste ? Il est devenu une véritable boussole pour moi.

Quand j’écris, j’ai souvent le réflexe de courir après « le beau style ». Trouver le mot rare, la métaphore brillante, la phrase qui claque. Mais à force de trop chercher, je m’éloigne de l’essentiel : ce que je veux vraiment dire. Et c’est là que ce bon vieux Carroll intervient.

Parce que quand le sens est clair, les mots suivent. Et, généralement, ce sont les plus simples qui frappent le plus fort. Relire cette citation, c’est comme respirer profondément : elle m’aide à lâcher la pression du style parfait pour revenir à une plus grande sincérité.



Voilà pourquoi ces trois phrases me hantent. Ce ne sont pas que des mots : elles sont des panneaux indicateurs qui jalonnent mon chemin. Elles m’aident à persévérer quand j’ai envie de renoncer, à assumer mes choix même tremblante, et à me souvenir que le sens vient toujours avant les fioritures.

Et vous, quelles sont les phrases qui vous accompagnent au quotidien, celles qui refusent de vous lâcher ?

mercredi 3 septembre 2025

5 choses que j’aurais aimé savoir avant d’écrire (et publier) un livre

Quand j’ai commencé à écrire mon premier manuscrit, je pensais naïvement que le plus compliqué serait de trouver le mot juste, la formulation qui fait mouche, bref : de remplir des pages. En réalité, "écrire" un livre, ce n’est que la partie visible de l’iceberg et tout ce qui vient après m’a appris bien plus que je ne l’imaginais.

Alors aujourd’hui, je partage avec vous les 5 choses que j’aurais aimé savoir avant de me lancer dans cette épopée qu’est l’écriture et la publication d’un livre (et ce, même si on a trouvé un éditeur).


1. La patience devient ta meilleure alliée (et ton pire cauchemar)

On dit que l’écriture est un marathon… on ne m’avait pas prévenue que la promotion était une course d’endurance à rallonge. Envoyer des mails à une liste de contacts longue comme le bras, attendre (longtemps), relancer (encore plus longtemps)… et au final, ne recevoir une poignée de réponses... dans le meilleur des cas. En tant qu'auteur.e, ton ouvrage est la chose la plus importante au monde à cet instant de ta vie et c'est tout à fait normal. cependant, l'absence de réaction des autres te fait vite comprendre que c'est loin d'être le cas pour tout le monde, ce qui est également normal et le silence est bien plus blessant qu'un refus poli. Autant dire qu’il faut apprendre à apprivoiser l’attente, et ne pas se décourager face au silence.


2. Rien ne se passe jamais comme prévu

Si tu crois que tout roule une fois le manuscrit terminé, détrompe-toi. Entre les galères chez l’éditeur, les retards dû à l'imprimeur qui impactent la date de sortie de ton livre (pourtant savamment calculée), les coquilles qui réapparaissent comme par magie après dix relectures, et les imprévus de dernière minute, mieux vaut garder une bonne dose de souplesse et de dérision face à la situation. Bref, la seule certitude quand on publie un livre, c’est que rien ne se passera comme prévu.


3. Savoir faire des concessions (même quand ça fait mal)

Ton livre, c'est ton bébé, mais sache qu'il ne sortira pas indemne de la phase d'accouchement entre son passage entre les mains du relecteur, du maquettiste ou de l’éditeur. Parfois il faudra couper une phrase que tu aimais, changer une mise en page que tu trouvais parfaite, accepter de modifier la structure même de ton ouvrage ou valider une couverture qui n’était pas ton premier choix. Ça pique un peu sur le coup, mais c’est souvent pour le mieux : ton livre en sort grandi, même si ton ego d’auteur.e grince des dents. Et surtout ça prévient une annulation pure et simple du projet, ce qui risque d'advenir en cas d'intransigeance trop marquée.


4. L’inspiration adore débarquer au mauvais moment

On croit toujours que les auteurs ont leurs éclairs de génie installés bien sagement à leur bureau, plume en main et tasse de café fumante à côté. Rien n'est moins vrai. L’inspiration, la vraie, a un sens de l’humour assez cruel. Elle débarque sous la douche (sans carnet étanche à portée de main), en pleine nuit (quand on a juré qu’on allait vraiment dormir tôt cette fois), ou encore au beau milieu d’une corvée de ménage. Résultat : soit tu tentes de mémoriser ton idée géniale (avec un succès plus qu'incertain surtout en ce qui me concerne), soit tu abandonnes ton balai/ton oreiller/ta casserole (quand c'est bien évidemment possible) pour courir noter cette révélation qui n’arrivera probablement plus jamais. 

Malheureusement pour moi, passant les trois quarts de ma journée devant un volant, c'est bien souvent à ce moment-là que les idées vont surgir dans mon cerveau et je ne peux, pour des raisons de sécurité évidentes, pas noter de suite ce qui me traverse l'esprit. En gros, comme dans le détail, l’inspiration a la fâcheuse tendance à surgir exactement quand tu ne peux pas l’attraper. C’est agaçant, mais c’est aussi ce qui rend l’écriture vivante. On apprend vite à vivre avec un carnet griffonné de phrases incomplètes, ou avec une application de notes pleine de messages qui ressemblent à du charabia. Mais au fond… c’est aussi là que naissent les meilleures histoires.


5. Les petites victoires font toute la différence

Dans ce parcours semé d’embûches, on survit grâce aux petites joies :

- La première fois qu’un lecteur te dit « ton livre m’a beaucoup plu parce que... »,

- la première fois que tu tombe sur ton ouvrage en librairie,

- ou simplement ce moment où tu tiens ton livre imprimé entre tes mains.

Ces petites victoires valent plus que toutes les galères, et te rappellent pourquoi tu as pris la plume à la base.


Écrire et publier un livre, c’est un mélange de passion, de patience et de persévérance. Rien ne se déroule comme prévu, mais chaque étape apporte son lot d’enseignements (et parfois de fous rires). Alors si tu rêves toi aussi de te lancer, retiens ceci : c'est un chemin parfois tortueux et parfois semé d'embûche (voire les deux en même temps !), mais il est incroyablement enrichissant. Et crois-moi, chaque galère vaut le coup d’être vécue, juste pour ces instants de magie où tes mots trouvent enfin leurs lecteurs.

mercredi 27 août 2025

Du texte aux dessins : ma première aventure d’illustratrice d’un livre

Je dois bien l’avouer : dans la panique qui a suivi dans ma tête, je ne me rappelle plus vraiment comment l’idée d’illustrer moi-même mon livre est arrivée sur la table. Sans doute une sombre histoire de budget serré, histoire d’être certaine que le projet verrait bien le jour. Depuis ma première proposition à mon éditeur, j’ai fait un certain nombre de choix pour concilier la vision que j’avais de mon ouvrage avec une facture plus légère pour la maison d’édition (tout ça pour m’assurer qu’il ne serait pas annulé en cours de route). J’ai donc opté pour un tout noir et blanc, sans la moindre nuance de gris et les complications graphiques qui vont avec. Quand s’est posée la question de l’habillage, nous avons d’abord réfléchi à un livre sans dessin (les photos étant totalement hors de question pour des raisons évidentes de droits), avant de pencher vers des petites icônes rappelant l’univers, mais libres de droit. C’est sans doute à ce moment-là que, face à mes très nombreuses remarques et attentes, et forte des quelques croquis (5 ou 6, pas plus) que j’avais réalisés pour le Guide de Poudlard, il a été évoqué que je pourrais peut-être m’occuper moi-même des illustrations.

Première illustration du "Manoir Addams"
Dans une première idée le manoir était vu en partie


Après quelques réunions intenses… avec moi-même, nous avons décidé d’un commun accord que ce serait le meilleur moyen de garder un contrôle quasi total sur la construction du livre et son esthétique. Toutefois, si je dessine depuis l’enfance, je n’ai jamais vraiment développé de style propre, me contentant le plus souvent de reproduire les illustrations de mes mangakas favoris. Et pour ne rien arranger, j’avoue avoir un peu délaissé mes crayons ces dernières années au profit de l’écriture. Autant dire que je n’ai pas abordé ce nouveau défi sereinement.


Tablette pratique

Ma tablette "XP Pen 13.3 Pro"

La première étape a été de m’équiper. J’avais déjà une tablette graphique (sans écran), mais je suis incapable de dessiner sans regarder ma main. Résultat : devoir fixer l’écran tout en bougeant le stylet ailleurs me ralentissait énormément, et ce même si je ne suis déjà pas la plus rapide du monde. L’avantage, c’est que j’ai pu expérimenter différents logiciels et finir par adopter Krita, un programme gratuit et complet que j’utilise désormais en permanence. Mais il me fallait passer au cran supérieur. Après avoir recueilli quelques conseils auprès de pros, j’ai finalement investi dans une XP Pen Artist 13.3 Pro. Pas encore du matériel de pointe, certes, mais avec écran intégré et toutes les fonctionnalités que je recherchais, tout en respectant mon budget. Me voilà donc prête à me lancer dans le numérique… sauf que mes premières ébauches, devinez quoi ? Elles se sont faites sur papier !

Recherche Mercredi désespérément !


Evolution en dessin de "Mercredi"
Evolution en dessin de Mercredi

Au fil de l’évolution du manuscrit, un certain nombre de dessins ont germé dans ma tête. Mais avant de les concrétiser, il fallait que je trouve un style cohérent et que je m’y tienne. La contrainte que je m’étais imposée – pas de dégradés de gris – compliquait encore les choses. Ma première mission a été de trouver ma version de Mercredi. Ce ne fut pas une mince affaire : mes croquis partaient dans tous les sens. Parfois trop expressive, parfois trop éteinte… mais jamais satisfaisante. J’ai tout essayé : un style manga (retoqué immédiatement par mon éditeur – et avec le recul, je comprends pourquoi) et un style plus burtonien pour rendre hommage à l’ambiance de la série. Finalement, à force de m’arracher les cheveux, j’ai décidé de passer directement sur la tablette. Et c’est là que j’ai enfin trouvé ma Mercredi. À partir de là, tout a coulé de source… ou presque, car j’ai dû m’entraîner dur sur les mains (mon point faible absolu) pour donner vie à La Chose.

"Illustratrice" ça ne s'improvise pas
Travail sur les mains

Artiste moi ? Je suis pas sûre...

Étant totalement autodidacte, j’ai toujours admiré les artistes capables de créer même quand ils n’en ont pas envie. Moi, je suis incapable de sortir le moindre trait correct si l’envie n’est pas là. Mes périodes créatives sont complètement aléatoires, aussi bien en durée qu’en intensité, et il m’est arrivé plus d’une fois de ranger ma tablette dans un coin pendant des semaines. Autant dire que ce fut une source de stress considérable : entre ma lenteur de tortue, mes phases de “blocage total” et la petite voix perfide qui me répétait que mes illustrations risquaient de desservir le livre… l’aventure a parfois eu un goût amer. Mais après avoir muselé tant bien que mal mon cerveau, j’ai fini par livrer des dessins dont je suis fière. J’ai travaillé main dans la main avec mon maquettiste, Steeven, du début à la fin, échangeant sans cesse nos idées pour habiller les pages comme il se doit.

Illustration finale du manor Addams
Finalement j'ai opté pour une vue entière du manoir

208 pages, 6 mois de travail et 1001 angoisses

Aujourd’hui, le livre est terminé et sur le point d’arriver en librairie. Et voilà que toutes mes craintes remontent d’un coup : peur du rejet des lecteurs, peur des critiques des professionnels du dessin qui croiseront la route de ma Mercredi. Mais malgré tout… je sais que je n’aurais pas pu, ni voulu, faire autrement. Mercredi ou l’héritage de la Famille Addams est exactement tel que je l’ai rêvé et surtout conçu.

"La Chose" illustration


Et vous ?

Avez-vous déjà osé vous lancer dans un projet créatif qui vous semblait trop grand pour vous ? Peut-être un dessin, une histoire, une peinture ou même une chanson ?

Croyez-moi, parfois, il suffit juste d'un coup de pouce ou de crayon !

mercredi 20 août 2025

Mes sources d'inspiration bizarres mais fidèles



On me demande parfois d’où me vient l’inspiration. Et je réponds toujours la même chose : de partout, tout le temps, et parfois de là où même moi je ne m’y attend pas. Entre éclairs de génie que je n’ai souvent pas le temps d’attraper et idées qui me percutent parfois sans prévenir au détour d’un écran, voici un petit tour (non exhaustif) de ces influences qui nourrissent mon imaginaire, des plus classiques aux plus… étranges. 

Premier contact : des muscles et des hommes

Pendant que d’autres enfants se construisaient sur Oliver et Compagnie ou La Petite Sirène, moi c’était… Conan le Barbare. Oui, ce film où Arnold parle peu mais tape fort, sur fond de monde fantastique et de magie noire.
C’était mon premier film et si j’ai eu droit à la version édulcorée par mon père, ce fut mon premier choc cinématographique. Je vous laisse deux secondes pour digérer.
Depuis, j’ai un faible incurable pour les héros mutiques, les quêtes pleines de désespoir, les répliques épiques et les musiques orchestrales qui crient « DESTINÉE » à chaque plan. Et pour les épées… surtout pour les épées !

Le Seigneur des Anneaux : tu ne passeras… pas à côté

Et puis il y a eu L’Histoire sans Fin, qui m’a donné envie d’entrer dans les livres, littéralement. Le concept de monde parallèle qui répond à nos émotions ? Ça m’a hantée pendant des années et m’a donné envie de découvrir les versions papier de mes films de chevets, puis par extension, tous les autres univers encore inexplorés par mes soins. Tout y est passé : Princess Bride, Dracula, et surtout… Le Seigneur des Anneaux !

Tolkien, c’est mon code source. Si Conan a forgé la hache, Le Seigneur des Anneaux en a affuté la lame. C’est là que j’ai appris l’art de la création d’une mythologie, le goût des cartes et des langues inventées et l’amour des héros tragiques. 

Tim Burton : La référence de l’ombre

Des squelettes déprimés, des barbiers chantant, des cavaliers sans tête… J’ai grandi avec l’univers de Burton comme on grandit avec un frère un peu goth et totalement génial. J’y ai appris que l’étrangeté peut être belle, que les freaks sont souvent les plus sincères… et que la coiffure, c’est surfait.

Oui, je plaide coupable : Tim Burton c’est pour moi LA référence cinématographique, quelque part entre Beetlejuice et Les Noces funèbres. Ce mélange d’esthétique gothique et de tendresse maladroite a façonné mon goût pour les mondes un peu tordus, peuplés de marginaux bouleversants. Je dois une fière chandelle au réalisateur pour m’avoir montré qu’un monde pouvait être sombre sans être dénué de beauté, et qu’on pouvait tout à fait faire partie des créatures bizarres, et le revendiquer, sans pour autant vivre en marge de l’humanité.

Jim Henson : la magie en latex

De Dark Crystal à Labyrinthe en passant par Monstres et Merveilles, Jim Henson m’a initiée à la poésie de l'étrangeté. Des marionnettes souvent cauchemardesques mais attendrissantes, des univers d’une richesse folle et des créatures en mousse qui pleurent plus sincèrement que certains humains. C’est peut-être là que j’ai compris que le biscornu n’est pas obligatoirement l’ennemi de l'émotion.

Devil May Cry : l’élégance des gros sabots

Parlons peu, parlons Dante. Devil May Cry, c’est un mélange d’action déjantée, de punchlines inoubliables et de combats stylés en diable. Est-ce que ça crie “subtilité” ? Non. Mais est-ce que ça m’a appris à lâcher prise et à m’amuser avec mes persos ? Absolument.
Et puis, soyons honnête : un demi démon ténébreux qui se bat avec une grosse épée sur fond de guitare électrique… comment ne pas être inspirée ?

Persona 5 : La rébellion du Joker

Parce qu’un héros silencieux qui se cache derrière un masque et fait tomber les faux-semblants des autres, c’est exactement le genre de personnage que j’affectionne, Persona 5, c’est ma masterclass en narration visuelle. J’y ai appris qu’on pouvait être profond, drôle, mélancolique et ultra classe en même temps. C’est un peu ma caution “je suis dark mais j’ai de l’humour”.
Et cette OST… mon Dieu, cette OST. Je l’écoute en écrivant et soudain, mes personnages ont l’air plus cool que moi. (Certes ça n’a rien de difficile, mais quand même, ça reste un tantinet vexant.)

Vampires, ghouls et autres saigneurs de la nuit

Les créatures de la nuit, c’est mon pêché mignon. Entre Dracula et Tokyo Ghoul, j’ai toujours aimé les figures qui errent entre deux mondes. Des êtres qui doutent, qui luttent, qui saignent (littéralement), mais qui cherchent un sens à leur existence.

Peut-être que c’est ça, ma vraie source d’inspiration : des monstres parfois plus humains que les hommes et qui veulent désespérément trouver leur place dans le monde et un but à leur existence.

Fullmetal Alchemist : la loi de l’échange équivalent

Deux frères, un cercle de transmutation, des conséquences irréversibles. FMA, c’est mon étalon pour écrire des liens familiaux intenses et des univers cohérents jusqu’au moindre engrenage. Et si je parle souvent d’héritage, de transmission, de fautes passées… vous savez maintenant pourquoi.

Mon quotidien, ce multivers parallèle

Entre les gens chelous dans le métro (et croyez moi je suis loin d’avoir la palme), les pubs mal foutues, les réflexions inattendues qui m’arrivent du wagon derrière moi (et oui, je vous entends, même pendant que je conduit !) et les dialogues absurdes avec mes proches, j’ai de quoi faire.

D’ailleurs, j’adore incorporer de la magie ou du fantastique dans un quotidien banal, voire réadapter des évènements historiques avérés pour les expliquer par le prisme du surnaturel. Et chaque petit détail, chaque conversation lunaire, peut alimenter mes délires littéraires ou inspirer un bel intertitre. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout… est recyclable.

Je ne crois pas à l’inspiration tombée du ciel. Je crois à l’œil qui traîne, à l’oreille attentive, au cœur qui bat pour des singularités qui ne ressemblent à rien et tant mieux si mes sources sont bizarres, au moins, elles me sont fidèles !

mercredi 13 août 2025

Petits secrets et grandes galères en coulisses du monde des sorciers

 🧹 La genèse du projet (et autres catastrophes organisationnelles)

Tout a commencé lorsque mon épousé a accepté en mon nom l’écriture d’un ouvrage censé prendre place dans la collection “100 trucs” proposée par Omaké Books et ce, sans même que je sois au courant ! Après moult refus de ma part en mode “Non, vraiment c’est pas possible, je n’y arriverais jamais!”, il a su trouver les arguments magiques pour me convaincre de ne pas laisser passer cette opportunité, et malgré la peur qui me nouait les entrailles j’ai fini par céder. 

Mais tant qu’à dire “oui”, autant le faire avec panache : je ne voulais pas d’un banal “100 trucs” de plus. Il fallait absolument que je lui donne ma patte, tout en respectant le cahier des charges déjà établi. Et pour moi, tout commence par un titre : dès qu’il est là, le livre existe déjà un peu dans ma tête.

Le concept ? Compiler 100 anecdotes plus ou moins connues sur la licence culte de J.K. Rowling. Partant de ce postulat, le titre m’est apparu aussi limpide qu’un sortilège de Revelio : Harry Potter – Petites histoires et grands secrets du monde des sorciers.

Sauf que l’idée, c’est comme un Niffleur. C’est mignon, mais une fois lâché, ça met le bazar partout. Très vite, je me suis retrouvée avec 132 fichiers, 14 carnets, et un tableau Excel qui ressemblait à une Carte du Maraudeur version ultra HD sous stéroïdes.

📚 Recherches magiques (et dépenses tragiques)

J’ai donc plongé dans des recherches approfondies sur cet univers que j’aime depuis toujours. Par bonheur, ma bibliothèque personnelle est déjà bien fournie (avec parfois trois exemplaires différents du même livre, ne me jugez pas), ce qui m’a permis de commencer dans une relative sérénité.

Pour le reste, Amazon est devenu mon dealer de parchemins, et ma carte bleue a pleuré toutes les larmes de son code PIN. Oui, je préfère bosser sur des éditions physiques. Et non, je ne jette jamais les bouquins après usage. Ma bibliothèque est en burnout, c’est dire !

La "collection" qui m'a servi de sources


✍️ L’écriture

Pour un premier livre, j’ai préféré laisser de côté mes analyses et théories persos. Si j’en suis bien l’autrice, je me contente ici de relater des faits vérifiés, tous écrits ou validés par J.K. Rowling. Pas de zones grises : seul le canon fait foi et pour moi c’est elle qui le détermine. En ce sens, même s’il est le point de départ de tout, ce livre est paradoxalement celui dans lequel il y a le moins de moi.

Une fois les recherches terminées (en mode speedrun vu les délais serrés), il ne me restait qu’un mois et demi pour écrire mes 100 anecdotes. Il a d’abord fallu les lister, leur trouver un titre, et surtout… faire rentrer chaque anecdote dans 1500 signes, espaces compris (sinon ce n’est pas drôle). Certaines ont dépassé la côte d’alerte, mais heureusement, mon maquettiste était aussi patient que talentueux.

🖼️ Et la maquette ?

Là-dessus, on a tout de suite été d’accord avec mon éditeur : on voulait du grimoire. Un livre qu’on ouvre comme un vieux manuel interdit, déniché au fin fond de la bibliothèque de Poudlard.

On voulait aussi un petit prix, pour que le plus grand nombre de fans puisse l’acheter sans devoir vider leur coffre à Gringotts.

Évidemment, comme il s’agit d’un livre non officiel, il était hors de question d’utiliser des visuels issus des films. Qu’à cela ne tienne : Steeven, mon maquettiste de choc, a fait des merveilles. Et cerise sur le gâteau : le papier granuleux utilisé (remplacé en cours de route pour cause de budget) a renforcé l’effet grimoire. Comme quoi, certains imprévus relèvent parfois du miracle.

🎉 Bilan : aucune chouette n’a été maltraitée pendant l’écriture

Et voilà, ce petit recueil est né. Un hommage modeste mais sincère à une saga qui a enchanté des générations. J’en suis sortie un peu frustrée de ne pas avoir pu tout dire… mais j’ai vite compris que ce n’était que le début de l’aventure.

"Natacha Rocca" en dédicace


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